Huit mois de prison ferme pour le journaliste d’Al Watan Al An Mustapha Hormatollah. Six mois de prison avec sursis pour son directeur de publication Abderrahim Ariri et une amende de 1000 dh chacun. Tel est le verdict prononcé mercredi par le tribunal de première instance de Casablanca. Depuis 2003, aucun journaliste n’a été condamné à une peine de prison ferme au Maroc. Après cette sentence, les réactions se sont multipliées. Le Syndicat national de la presse marocaine (SNPM) était le premier à manifester sa colère et son indignation. La corporation des journalistes a récusé ce jugement qui présente, selon elle, une "menace contre tous les autres journalistes pour qu’ils ne s’acquittent pas de leur devoir d’investigation sur les informations et données" relatives à la chose publique.En plus, ajoute un communiqué du Syndicat rendu public à l’issue de ce procès, ces sentences ne sont fondées sur aucune base légale, puisqu’au début, les deux journalistes avaient été poursuivis pour publication de documents considérés comme confidentiels, alors qu’ils ont été jugés en fonction d’une accusation faisant état de "recel de documents obtenus à l'aide d'une infraction". Rappelons que l’hebdomadaire Al Watan Al An avait publié le 14 juillet un dossier intitulé "Les rapports secrets derrière l'état d'alerte au Maroc".Le SNPM ajoute que le tribunal n’a pas pu présenter séance tenante les documents volés et s’est contenté de la publication d’Al Watan Al An. C’est cette contradiction entre le "recel" et la "publication" à laquelle le tribunal n’a pas voulu répondre qui constitue le bien-fondé de cette sentence, selon le SNPM. Réagissant au même verdict, le Centre marocain des droits humains (CMDH) a accueilli avec "préoccupation et regret" la condamnation de Hormatollah et d’Ariri. Solidaire des deux jour
nalistes, le CMDH a émis le souhait de voir la justice procéder en appel au redressement de cette situation. Même position exprimée par l’Association marocaine des droits humains (AMDH) dans un communiqué rendu public à l’occasion. Le bureau central présidé par Khadija Ryadi a ainsi condamné ces sentences, soulignant que ce procès ne répondait pas aux conditions d’un procès juste et équitable. L’AMDH a demandé par ailleurs la révision du code de la presse dans le sens qui garantit la liberté d’expression et d’opinion, en commençant par l’annulation de toutes les peines privatives des libertés.
Nouri Zyad
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