http://www.lejournal-hebdo.com/C’est sur le statut de ce journaliste iconoclaste que tout le procès de l’affaire «Al Watan Al An» va se jouer. Après avoir papillonné dans certaines rédactions dont notamment celle du journal «Al Moustaqil», Hourmatallah a régulièrement collaboré avec «Al Bidaoui» avant que la publication fondée par Ariri ne change de nom en 2006 pour devenir «Al Watan Al An».
La cadence des informations, documents, photographies exclusives fournies à «Al Watan» sur la plupart des strates sécuritaires du royaume ont poussé Ariri à l’intégrer assez rapidement à sa rédaction en 2004 pour qu’il se consacre à ce qui deviendra une «marque de fabrique» du journal : un flot incessant d’exclusivités croustillantes sur l’armée, la gendarmerie, les services secrets etc… Il fera mouche à plusieurs reprises en distillant les ressorts de la Grande muette, ses couacs, ses luttes intestines, ses organigrammes confidentiels au point que la police, dit-on, aurait ouvert une enquête préliminaire sur ses activités bien avant les poursuites dont il fait actuellement l’objet. La tournure que pourrait prendre le procès en se focalisant sur les activités de Hourmatallah et en l’isolant de son directeur indique que la justice chercherait à le considérer comme un informateur zélé (que l’on voudrait d’après une source proche de l’enquête rétribuée par ses sources) et non pas comme un journaliste «stringer», chasseur de scoops. D’ailleurs tous ses documents saisis (et non publiés) ont été retenus comme pièces à conviction alors que ceux d’Ariri lui ont déjà été restitués. La garde-à-vue de plusieurs membres de sa proche famille (son épouse et surtout son nourrisson de 9 mois ont passé une nuit au commissariat en violation du Code pénal ) et leur audition par la BNPJ irait dans ce sens. La mise sous écrous de Hourmatallah prive ainsi l’hebdomadaire d’un journaliste intrusif dont l’absence à «Al Watan Al An» sonnerait le glas pour sa capacité à enquêter sur les militaires. Une perte pour la presse lorsque l’on connaît le degré d’opacité de ce milieu au pouvoir très étendu. Selon Me Abderrahim Jamaï, le «dossier est léger» et le «maintien discrétionnaire» de Hourmatallah en prison est «illégal» au regard du PV de la BNPJ qui ne fait état que des documents publiés par «Al Watan» et non de pièces supplémentaires. Autre détail qui a son importance, le PV en question ne fait nullement mention des sources (il fait juste état d’un capitaine non identifié) et ne met pas en exergue une utilisation extra journalistique des documents. Un autre PV tenu confidentiel sur les accusations portées contre les militaires impliqués dans l’affaire n’a pas été joint au dossier civil, jetant une ombre supplémentaire à cet imbroglio.
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